Un article étonnant de Philosophie Magazine chamboule notre rapport au temps et remet en question la paternité de l'horloge.
Tout le monde s'accorde à dire que l'horloge mécanique a été inventée en Europe au XIIIème siècle. Pourtant les chinois disposaient dès le premier millénaire, d'un système de clepsydre très sophistiqué, utilisé principalement dans l'étude du mouvement des astres, savoir nécessaire pour établir les prévisions astrologiques dont l'empereur se servira pour exercer son pouvoir. Le temps selon les chinois est donc un luxe réservé aux décisions de l'empereur. Le peuple quant à lui ne peut disposer de ce privilège. Alors dirons nous, comment prévoir le temps ou comment définir un délai et le respecter? Eh bien sur ce sujet, deux cultures s'opposent: dans l'occident, le temps sert à borner une réalisation par un début et une fin. Dans la civilisation chinoise, le temps importe peu pour une réalisation, seule la perfection compte!
Imaginons ce que serait nos projets dans un monde régit par la perfection et non pas par la "deadline". Nous n'aurions certainement pas des smartphones, mais nous aurions des moyens de communication qui répondent parfaitement à nos besoins sans bugs et sans stress pour les SAV.
Pensez à un travail que vous avez réalisé en prenant votre temps. Imaginez à quoi il aurait pu ressembler si on vous avait imposé de le livrer pour telle-date-au-plus-tard!
Le pouvoir dans la culture occidentale se mesure par la capacité à faire respecter les délais, quelle humiliation que de ne pas livrer en temps et en heure. On préfèrerait produire une immondice et y adjoindre une série de correctifs plutôt que de prendre le temps de tester et de peaufiner. J'ai déjà vu des chefs de projets à la limite de la dépression parce que leur projet risque de prendre du retard. J'ai souvent proposé de prendre le temps de produire quelque chose de correcte plutôt que de se précipiter et de perdre toute crédibilité vis-à-vis des utilisateurs. Eh bien non, rien n'y fait. La seule chose qui restera du projet ce n'est pas l'aventure humaine et technologique, la réalisation innovante ou la satisfaction des clients. Non, tout ce qui sera retenu ce sera le RETARD!
Dans la bande dessinée "Le petit Nicolas" de Sempé et Goscinny, Geoffroy est un garçon décrit comme lunatique et toujours en retard. D'ailleurs la maîtresse ne l'a jamais félicité à cause de son retard, sauf une fois: il venait d'avoir un p'tit frère.
Un long conditionnement qui a débuté sur nos bancs d'école et qui ressort et guide nos comportement d'hommes actifs. Maintenant que la cause est identifiée, levez vous du canapé et reprenez le dessus sur vos vieux démons scolaires!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire