samedi 20 novembre 2010

L'interface "est" le système

C'est en tout cas ce qu'affirme Vinayak Hegde dans la liste des 97. Dans cette même liste on peut lire une contribution de Einar Landre qui affirme pour sa part que l'architecte doit se focaliser principalement sur l'interface.
Le premier évoque la relation de l'humain avec le système, le second parle de la relation des systèmes entre eux. Peut-on établir un parallèle?
Dans ces deux affirmations, l'interface joue le rôle d'intermédiaire dans l'établissement de relations.
Dans la culture populaire, un agent intermédiaire peut faire ou défaire une bonne entente, quelle que soit la bonne foi des deux parties.
Pourquoi alors cette confiance en un intermédiaire incontournable? Quelle est la pérennité d'une telle association? Réponse: aucune des parties prenantes à la relation ne veut s'adapter à l'autre, car cette adaptation induit une dépendance. Autrement dit, chaque partie portera en elle, une définition de l'autre. L'intermédiaire devient alors un facilitateur!
Lorsque les systèmes s'interfacent entre eux, on parle de "découplage". Lorsqu'ils s'interfacent avec des humains, on évoque... "l'intuition". Dans les deux cas on fait appel à l'agent adaptateur.
Les systèmes entre eux, pour réduire leur dépendance, sont conçus en faisant appel à des modèles respectant les principes fondamentaux que sont la Séparation des responsabilités et l'inversion de contrôle. Quant à l'humain, sa communication avec le système passe par l'image au sens figuré, que lui retransmettent ses sens. Les interfaces se sont donc adapté à ce mode de communication: vue, ouïe, toucher, (goût et odorat?). Il y a quelques années elles étaient minimalistes: clavier, écran et symboles, ce qui nécessitait un effort cérébral important pour mémoriser l'association des symboles informatiques au monde réel. Au fil des années, de plus en plus de sens sont stimulés et la symbolique disparaît peu à peu: la communication est devenue graphique, s'est colorée, animée et sera bientôt holographique. L'action passait par le clavier, elle est devenue tactile, orale... bientôt télékinétique?
Nous déployons de moins en moins de moyens rationnels pour communiquer avec le système, qui pour sa part nécessite de plus en plus d'intelligence pour rendre possible cette simplification. Ne sommes-nous pas en train de nous atrophier à l'avantage des systèmes que nous concevons?
Disons que notre intelligence change; nous évoluons vers un futur plus heuristique que rationnel.
Un jour, doués de cette nouvelle forme d'intelligence, nous finirons par concevoir des systèmes qui seront intelligents, certes d'une intelligence à l'image de notre passé d'humain atrophié, mais alors une nouvelle étape sera alors franchie, celle où interfaces et systèmes se confondrons.