La semaine dernière, une nouvelle a particulièrement réveillé les vieux démons faiseurs de bulles : l'entrée en bourse de LinkedIn. Une société faisant 3 millions de dollars de résultat, valorisé à 9 milliards de dollars. Comment peut-on valoir 3000 fois ce que l'on rapporte ?!
Je suis comme tout le monde, nostalgique de cette époque éphémère où un projet d'intranet en CGI-Perl était facturé à 1 million de francs, où les consultants menaient grand train tous frais payés. Une époque où les négociations commerciales se résumaient à... une signature de contrat. Les clients payaient sans sourciller car ils écoutaient tous, les cabinets de conseils qui les hypnotisaient à coups de carrés magiques pour leur vanter les futurs miracles de ce que l'on appelait : les nouvelles technologies. Une période bénie !
Comment expliquer cet engouement démesuré pour un domaine amplement surestimé ? Comment des sociétés de bricoleurs informatiques du dimanche ont-elles pu être revendues à temps pour une fortune, puis valoir leur vraie valeur, c'est-à-dire rien, quelques mois plus tard ?
Ces brillants cancres ont compris que vendre honnêtement une très bonne qualité de haut niveau mais incompréhensible n'était pas rémunérateur. La fortune se trouve ailleurs et ceux qui la saisissent sont avant tout des faiseurs de rêves !
L'informatique d'avant bulle était une machine à rêves ou l'Internet promettait une vie nouvelle dans le nouveau cosmos virtuel de la toile. Tout le monde voulait son shoot intersidéral et entrait ainsi dans le club hype de ceux qui se distinguent de la masse. On se projetait dans les yachts des nouveaux patrons de startups, en se répétant que le rêve acheté était déjà un billet d'entrée dans cette réalité rêvée.
Le rêve, l'exaltation, le nouveau monde, une expérience unique... Ce qui permet de vendre au prix le plus fort est la capacité à téléporter un client dans une réalité parallèle, accessible pour seulement une poignée d'initiés, bien heureux d'en profiter avant la curée.
Cela ressemble trait pour trait à ce que nous vivons aujourd'hui : Le Cloud, les réseaux sociaux et les applications mobiles, des promesses de gains substantiels et de vie meilleure... à condition d'être le premier !
La suite nous la connaissons : promesses trop lentes à se réaliser, patience épuisée, peur panique, ventes massives, ventes à perte, effondrement des valeurs boursières, suicides, chômeurs, leçons puis longue disette.
Revenons à nos killer-apps : LinkedIn, facebook et twitter. J'aurais bien voulu faire partie de leurs investisseurs de première heure, alors, j'essaye tant bien que mal de me rattraper en investissant à tour de bras sur tout ce qui porte leurs traits de caractères : simple, creux, hype, social et bleuté.
Alors un conseil : si vous êtes un ancien cancre rêvant de prendre sa revanche, précipitez-vous, créez un site web en flash, bleuté de préférence, transférez-y la liste de vos contacts facebook, créez le buzz sur youtube et twitter puis faîtes vous inviter par BFM. La suite nous la connaissons...