dimanche 12 août 2012

Lettre à ma fille


Depuis ta naissance, je suis tenté d'immortaliser le moment par autre chose que des photos, insuffisants clichés statiques colorés. Je préfère y ajouter le piquant des sensations, et de l'atmosphère du moment.
Le 17 Juillet 2012 est une date lovée dans un contexte que je souhaitais te transmettre pour la mémoire. Tu liras ces notes très subjectives et parfois engagées, mais ne m'en veut pas, je les fige telles quelles pour ne pas risquer de prendrre mes distances plus tard et lisser des angles trop aigus.

Commençons par ce qui s'appelle à cette époque « les réseaux sociaux ». Je n'ai annoncé ta naissance sur aucun d'entre eux ni envoyé aucun SMS groupé. J'ai estimé que tu étais mon petit miracle qui mérite mieux que cela. Alors j'ai partagé quelques photos dans le cercle de famille pour tes grands parents sur Google+, encore considéré comme un réseau élitiste, et nous avons envoyé des SMS à quelques amis, loin de la cacophonie d'un Facebook boulimique d'abonnés que beaucoup voient sombrer tout comme ont sombré les desseins spéculateurs d'un Internet , mais les subprimes sont déjà passés par là et le monde n'est plus impressionable.

Linux rapporte des milliards à des petits malins au chapeau rouge qui ont fait d'un mouvement libre, une entreprise aux profits intarissables. Mais l'Open Source reste toujours un combat de l'intelligence contre l'assistanat, malgrés le larmoiement de quelques cerveaux atrophiés et peureux. Le choix implique le changement et certains doutent de leurs capacités à s'adapter, comme si d'avoir survécu durant des dizaines de milliers d'années n'était pas une preuve suffisante pour l'homme de son pouvoir de régénération.

Sur le front de l'Est, une nouvelle occasion a été offerte à une poignée d'intrigants pour embraser une nouvelle fois le moyen orient, la fumée au-dessus de la Palestine, de l'Egypte et de la Lybie se dissipe à peine que certains regrettent déjà l'odeur du napalme le matin et les syriens stratèges invincibles ont découvert trop tard leur talon d'achille : le mal extérieur qui ronge de l'intérieur et qui oppose Sunnites contre Alaouites, ennemis acestraux tapis dans l'ombre se guettant les uns les autres. La fin est ineluctable pour le dernier bastion baassiste et les médias dégoulinants de compassion me font zapper vers d'autres horizons. J'ai banni les journaux télévisés comme vecteur d'information et je papillonne deci, delà pour tromper une main-mise manipulatrice mais heureusement encore suffisament grossière pour que mon esprit n'en soit pas duppe.

L'industrie de France cherche un second souffle après des échecs de stratégies ambitieuses mais tardives. L'état se renouvelle et les vainqueurs sociaux-démagos-comunistes à grands renforts de communication poussive, jouent les sauveurs, hurlants sur la berge des conseils inutiles à des noyés en détresse. A défaut de sauver ils compatissent, honteux eux même des orgies providentielles d'années d'insouciance. « Compassion » est le nouveau mot pour remplacer le génant « Propagande ».

Tu es née l'année d'un hommage planétaire à Marley, le dernier prophète connu, chantre d'une musique lancinante où l'on devine à la fois la souffrance et l'espoir. Je l'ai écoutée en boucle à Oran dans mon guetto universitaire. Je te garderai le DVD pour tes dix huit ans ; tu le regardera en souriant de la qualité de l'image et du son, comme j'ai souri en écoutant les vinyles de papa.
Rock&Folk a publié un hommage à David Bowie et son Stardust hallucinant aux cheveux de feu, Iggy Pop reprend Henri Salvadore, bizarre, et le livre des 50 ans des Rolling Stones est sorti en librairie.

Tu étais dans ton berceau, agée de onze jours lors de la cérémonie d'ouverture des jeux olympiques de Londres. Mohamed Ali et Haile Gebrselassie ont fait le déplacement pour porter le drapeau des jeux ; la cérémonie fut empreinte de rock anglais, les Arctic Monkeys ont repris « Come together » des beatles avant qu'un ex-Beatles, Paul Mc Cartney, ne cloture à cappella avec le fameux « Hey Jude », quanrante ans après Abbey Road. Fantastique ! Ta maman et moi rêvons de t'emmener à un concert rock, peut-être Metallica au Stade de France l'année prochaine, on verra si tes petits tympans seront capables de supporter les solos de Kirk Mammett.

Michel Serres a écrit « Petite poussette », le conte d'un grand père philosophe, narrateur d'histoire d'avenir à une génération de petits virtuoses du pouce. Tu le lira quand tu sera grande et tu me dira si l'oracle avit tord ou raison.

J'oubliais, Rod Johnson a quitté SpringSource, tu ne le connaitras peut-être pas, mais il fut le créateur d'un contre-mouvement qui a décuplé l'ingéniosité des gens à trouver des solutions simples à des problèmes complexes. Dans son mot d'adieux il fait référence à un livre pour enfant « Oh, the Places You'll Go! » que je te lirai un jour. Cette année 2012 est aussi l'année d'Alan Turing, celui grâce à qui ces mots te parviennent.

Bien que cela risque de ne pas signifier grand chose pour toi le jour où tu le liras, sache que ce texte a été écrit avec LibreOffice 3.5 sous Ubuntu 12.04 « Precise Pangolin », sur un ASUS ZenBook 13 pouces, Core i7, 4Go de RAM et 256 Go SSD.
J'ai aussi vérifié certaines références de ce texte sur Wikipedia qui a plus de onze ans d'existance aujourd'hui.

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