Il y'a quelques jours, a eu lieu l'Open World Forum. Si vous y étiez, vous auriez remarqué que le perfecto en cuir de Simon Phipps tranchait franchement avec le costume-cravate du DSI de Sanofi-Aventis :-)
Il ne s'agissait pas d'une énièmme messe d'évangélisation de l'humanité à la voie sacrée de la FSF, avec RMS en post-babacool, pronant l'amour du software libre et le rejet de la vile monaie! Non, il s'agissait d'un autre type d'évennement, un show orchestré par des acteurs aguerris aux règles du business qui présentaient leurs solutions. De vraies solutions robustes; concurrentes directes de solutions commerciales, pour des utilisations stratégiques en entreprise: Cloud Computing, Virtualisation, BPM, BI, CMS...
Ce forum a soulevé de nombreuses questions de fond:
Comment cette culture, hérétique il y'a dix ans, est-elle devenue aujourd'hui une réelle alternative? Est-ce mimétique ou conjoncturel? Quel est l'avenir du logiciel libre face au logiciel commercial? Comment transformer une solution Open Source en opportunité business?
Je n'ai pas trouvé de réponses à toutes ces questions. J'ai cependant observé que la curiosité a disparu pour laisser place à une véritable adoption, réfléchie et pragmatique. Les DSI présents (Bull, Sanofi-Aventis, Safran, PriceMinister...) se sont tous déclarés comme déjà utilisateurs de solutions Open Source et prêts à considérer les offres; du moment que la performance est au rendez-vous. La révolution appartient déjà à l'histoire!
La gêne perceptible, car il y'en a, est due au fait que l'Open Source expose beaucoup plus la responsabilité des dirigeants. Point de contrat commercial exhorbitant, adossé à des clauses telles que que seules de puissantes firmes logicielles peuvent se permettre de parapher. L'Open Source ramène aux fondements d'un métier, de notre métier: la compétence, la passion, l'honnêteté. Aucun dirigeant n'est sûr de disposer, dans son projet d'intervenants sûrs, partageant ces valeurs. Alors, il préfèrera les firmes. A grand renfort de communication, elles ont imposé à notre subconscient l'image de la perfection. Personne ne reprochera à ce dirigeant de s'être mépris en choisissant une perfection admise par tous.
Seulement voilà, tout cela est en train de changer, la maturité de ce métier explique de moins en moins la délégation de responsabilité. Les défaillances répétées des firmes ont érodé définitivement le mythe de la perfection. Nous redescendons vers une réalité moins brillante: les paradigmes sur lesquels sont construites les nouvelles architectures d'aujourd'hui ont moins de dix ans d'existence. Alors faisons profil bas, dénouons le nœud de notre cravate et comme Simon Phips, revêtons notre blouson en cuir de baroudeur de l'informatique, abandonnons notre égo et tentons de construire, enfin, des systèmes par la seule force de notre intelligence.